ELGIN
Montre de poche

 

La vie va, les trésors de famille passent de génération en génération, de main en main. Cette Elgin appartenait au cousin germain de ma belle-maman, qui lui-même en avait hérité de son père. Cet homme était très doué de ses mains, au point d'avoir construit lui-même un tour. Il fabriquait tout avec n'importe quoi. J'avais souvent entendu parlé de ses capacités.

Il aimait tout ce qui touchait à la mécanique. On dit qu'à l'époque, la montre gousset était la fierté de celui qui la portait. Les gens étaient en admiration quand il sortait son gousset de sa poche.

De génération en génération, les objets se transmettent. Mes beaux-parents en sont devenus les héritiers. Ils connaissent mon grand penchant pour ce qui fait tic-tac. Je passe chez eux de longs moments la loupe à l'oeil ou mon Nikon rivé sur un objet égrenant les secondes.

Par gentillesse, par amour, pour faire plaisir, voici qu'ils m'ont fait le gardien de cette Elgin. Mon beau-papa la donnant en fait à mon fiston ! Grand bonheur. J'ai tout d'abord procédé à un premier démontage puis nettoyage long, méticuleux, ce qui me permit de voir qu'elle était en bel état, d'apprécier le type de fabrication de l'école américaine. Mes beaux-parents furent fort heureux de voir mon contentement, d'apprendre la qualité du gousset (pas étonnant de la part de tonton ...), et qu'elle pourrait à nouveau battre le rythme.

Alors voilà, l'or rose de la boite m'a donné envie de ces compositions.

 

 

 

 

Il fut néanmoins nécessaire de changer le ressort du barillet, le spiral avait quitté le piton, et la petite seconde ainsi que l'aiguille des minutes n'avaient pas résisté aux  affres des années.

 

 

 

Mon horloger connaît un homme de l'art à la retraite, qui est d'ailleurs son mentor si je ne m'abuse, capable de beaucoup. Tranquillement, cet homme l'a fait revivre.

 

 

 

Principales différences à mes yeux avec les goussets européens :

le système de blocage de la raquette de réglage, et la déco de la platine principale.

 

 

Ici, point de côtes de Genève.

La gravure de ces goussets est aussi d'un style particulier.

 

 

 

 

Gros plan sur le système de blocage de la raquette. On voit parfaitement la vis, et l'écrou pouvant tourner et donc se déplacer finement. On pose délicatement le bout du bras de la raquette dans la gorge de l'écrou.

D'après son numéro de série, elle date de 1904. Grande dame ...

 

Plaisir visuel des chatons vissés.

Moi, je craque en voyant ces masselottes. Quelle beauté ces vieux balanciers.

Du fait de la masse imposante des platines, la montre fait un tic-tac d'enfer ! Pire qu'un réveil-matin. Mais quel bonheur !

Détail de la gravure de la raquette.

voici le bras posé dans l'écrou.

 

 

 

 

Douceur de l'émail.

 

 

Les aiguilles bleuies sont tellement plus jolies que sur ces photos.

Le gousset est bien dans son jus, simplement restauré pour fonctionner correctement.

 

 

 

 

Marques du temps.